Key Note Speech: Sylvio Michel

 

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Distinguished guests

Ladies and gentlemen,

My friends, delegates

Please, allow me, for the sake of language diversity to use another language than English to express myself; that is French.

Les verts mondiaux m’ont fait l’honneur de m’inviter à prendre la parole lors de cette cérémonie d’ouverture alors qu’il existe tant de talentueux écologistes d’Afrique et d’ailleurs. Je tiens à les en remercier en espérant être à la hauteur de la tâche qui m’a été confiée.

Je viens de Maurice, une ile à peine visible sur la carte du monde, à côté de Madagascar, à  l’est de l’Afrique. Je fais partie de cette diaspora issue des tragédies qu’ont été l’esclavage et le travail engagé, tragédies sur lesquelles repose le capitalisme mondial. En tant que descendants de ceux qui ont traversé ces grandes épreuves, je peux dire que la vie fini toujours par avoir raison des pires épreuves que l’humanité peut traverser.

Mon parti, les Verts Fraternels, a été créé en 1989, il y a 28 ans de cela, grâce à une simple rencontre à Paris entre Constantin Fedorovski, verts français que je tiens à remercier ici, avec Élie Michel, mon frère et camarade de lutte, décédé en 2013. Avant le mouvement non-violent que j’ai fondé avec mes camarades en 1968 a mené bien des luttes sociales et politiques contre l’injustice et la misère. 

Ce n’est donc pas en intellectuel et théoricien que je parlerai ici  pour aborder avec vous, le sujet à l’agenda de cette cérémonie d’ouverture. Je me baserai sur ces vingt-huit années de lutte politique au sein des verts.

Je me suis intéressé à trois défis qui touchent la majorité des partis verts mais qui concernent particulièrement les partis verts d’Afrique. Ces trois défis peuvent paraître comme des « stumbbling blocks », des pierres d’achoppement, mais ils ne sont pas insurmontables :

  • Le premier défi est la question des moyens financiers
  • Le deuxième est celui de la liberté d’expression
  • Le troisième est celui des contextes prédominés par la violence et la répression.
  1. Le premier défi donc est la question des moyens financiers.

La plupart des partis verts sont sans le sou.  Malgré les  valeurs écologiques qu’ils défendent pour le bien des populations, nos partis n’arrivent pas à boucler leurs budgets.  

Nous sommes sont en quelque sorte victimes des valeurs que nous défendons. Au lieu de recourir à la manipulation de l’électorat, aux puissances d’argent,  à la terreur, aux révoltes insurrectionnelles, aux coups d’état, aux guerres qui font tant de victimes et provoquent la fuite migratoire,  nos partis prônent la non violence et la bonne gouvernance pour atteindre leurs objectifs. ; c’est à dire, l’économie verte, la justice sociale, la démocratie participative, la politique du logement, la réforme de l’éducation, la parité, et j’en passe.

Nos combats, qui consistent en des marches, sit-in, recours au judiciaire, grèves de la faim, occupation vont à l’encontre de ceux qui détiennent le pouvoir économique.

Nos partis verts sont le plus souvent contraints à faire des alliances contre-nature pour rester vivants.  Ils se retrouvent à devoir soutenir des partis de gauche ou de droite traditionnels qui sont au pouvoir ou dans l’opposition. Par contre, ces partis traditionnels sont eux mieux lotis, mieux équipés. Ils bénéficient de  tous les avantages financiers, logistiques et médiatiques, pour faire leurs campagnes durant et après les élections.

Le support financier va droit dans les coffres-forts des partis au pouvoir ou dans l’opposition. À Maurice, après les élections de décembre 2014, la police a saisi dans la demeure de l’ancien Premier ministre une somme de 224 millions de roupies (à peu près  €7.5 millions), provenant des dons des firmes privées pour la campagne électorale, mais inutilisés.  . Cette situation existe dans la plupart des pays. À cela, il faut ajouter qu’il n’existe dans ces mêmes pays aucun remboursement des frais électoraux par l’état. Le contrôle par la commission électorale, des dépenses règlementées est aléatoire. Vous pouvez déclarer ce que vous voulez, vous ne serez pas inquiété.

Dans bien des pays, il est aussi interdit de recevoir de l’aide de l’étranger pour les campagnes électorales.

Parlons des deux options qu’un parti vert prend souvent pour avoir des élus au parlement ou dans les conseils municipaux : Soit le parti conclut une alliance avec les partis traditionnels, en posant sous leur bannière ; soit il contracte des dettes pour financer sa campagne. Les Verts Fraternels ont fait les deux expériences. Quand vous gagnez les élections au sein d’une alliance, les autres partis, une fois au pouvoir, vous font comprendre que vous n’avez pas pesé lourd aux élections et ne tiennent pas leurs promesses électorales. Alors à vous de décider : soit vous partez, soit on vous aide à partir. Dans le cas où vous acceptez de contracter des dettes pour aller seul aux élections, c’est la mort assurée avec en plus des remboursements qui peuvent dépasser le triple de l’emprunt.

Nous avons aussi certains cas  de verts élus grâce à des alliances, qui ont abandonné leur parti en raison d’un portefeuille ministériel ou d’une position lucrative, ou qui ont choisi de soutenir des politiques contraires aux principes écologiques.

Alors, que faire ? Comment sortir de l’impasse. Une première solution réclame de notre part le combat politique de longue haleine axé sur la réforme électorale avec les principes fondamentaux suivants :

  1. la représentation proportionnelle à 4 %,
  2. le remboursement des frais électoraux pour chaque parti ayant atteint les 4%,
  3. et la parité pour les investitures : ce que les partis traditionnels ont du mal à  réaliser.

Une deuxième solution serait la mise en place d’un plan d’autofinancement dans l’attente de la réforme électorale  susmentionnée. Je crois que plusieurs partis dans le monde ont recours à ce type de plan. Outre, les cotisations des membres, nous avons à axer nos efforts sur la création d’entreprises à objectifs écologiques qui peuvent subvenir aux besoins du parti. À Maurice, nos premiers combats politiques en faveur du peuple indigène déplacé des Chagos, ont été financés de 1976 à 1995 par une pâtisserie mise sur pied avec des contributions des membres. Malheureusement, au cours des démarches que nous avons entreprises pour leur droit de retour sur leur terre natale, la pâtisserie a été incendiée de façon criminelle en 1995 et les Chagossiens nous ont quittés.

Cependant, il me semble que les entreprises accès sur l’information, la formation, la publicité, nous permettrait à la fois de financer nos activités et de mieux promouvoir l’écologie politique. .

Et enfin, je tiens à témoigner que les verts de Maurice ont obtenu plus de résultats en étant dehors qu’à l’intérieur du Parlement. En dehors du Parlement, nous représentons un parti contestataire redoutable que part notre courage de dire des vérités que les autres partis soucieux d’accéder au pouvoir, n’osent pas dire.

II- Le 2e défi est l’absence de liberté d’expression dans les régimes totalitaires, les dictatures ou les semblants de démocratie.  

La force des partis verts réside dans leur courage de dénoncer les pouvoirs en place, les politiques économiques générant les injustices sociales et la destruction des écosystèmes.

Ce défi est énorme et présente de sérieux risques dans les pays régis par la dictature, un président qui veut rester au pouvoir ou un multipartisme de façade. Nous avons le cas de nos amis délégués du Zimbabwe qui ont connu l’épreuve de la prison pour avoir osé contester le pouvoir.

Même les agences internationales d’information se plaignent de ne pas pouvoir opérer librement dans certains pays.

Le nouveau président américain Donald Trump ne passe pas par quatre chemins pour traiter de tous les noms les médias qui lui sont hostiles.

En Chine, en Corée du Nord, en Thaïlande, malgré l’expansion des nouvelles technologies, les populations ont difficilement accès à l’information non contrôlée par l’état. Celui-ci peut à n’importe quel moment couper la communication avec l’étranger.

Le défi est moins grand, mais bien réel dans des pays à réputation démocratique. Le droit des partis de l’opposition à l’information n’existe là que sur papier. Dans ces pays, le gouvernement garde le monopole sur les médias publics et cherchent à contrôler les agences privées.

Les locaux de la radio privée de nos amis de Madagascar ont été mis sous scellés par les autorités lors de la dernière campagne présidentielle.

D’un autre côté, les agences privées se soumettent aux pouvoirs en place ou aux impératifs des investisseurs.

….Alors quelle issue à la question de la liberté d’expression ?

Dans certains pays, le recours à la justice peut être une issue. À Maurice, notre parti a obtenu en 1999, le droit à l’information en créole, langue maternelle de plus de 90% de la population, grâce à une action en cours menée contre la chaîne de télévision nationale.

Cependant, dans le cas des dictatures, c’est l’intervention au niveau international des verts mondiaux et les différentes fédérations qui représentent une issue possible. À l’échelle planétaire, les partis verts constituent une réelle force de pression que nous avons tendance à négliger. Cette force peut être exercée au moyen de communiqués, des prises de position et l’invention auprès des organismes internationaux.

III. Le 3e défi touche les pays où les armes ont remplacé les urnes et où, des opposants ont pris le maquis contre la dictature et occupent d’importants territoires. Dans ces pays-là, nous voyons chaque jour les atrocités, les massacres.

Dans d’autre pays où la dictature s’est installée, n’importe quel opposant est sommairement abattu ou alors, s’il est capturé, il est jeté en prison, dans des conditions inhumaines, sans jugement pendant des mois, voire des années.

Dans ces contextes-là, la force des verts réside dans les actions menées dans la non violence et la transparence. L’expérience du Rwanda par montre que de telles actions, certes difficiles au départ, quand elles aboutissent, finissent par nous rendre crédibles et nous faire obtenir une certaine reconnaissance auprès de la population. Toutefois, à ces actions, doit s’ajouter encore une fois le soutien international qui reste important.

Il nous faut aussi développer à travers de partis et ONG verts, un réseau de solidarité qui nous permet de venir rapidement en aide même minimes pour commencer, aux populations affectées par les conflits et les catastrophes naturels.

Le soutien entre partis verts existe déjà et je tiens ici à remercier ceux et à celles qui ont permis à bon nombre d’entre nous d’être présents à ce congrès. Il y a bien des cas spécifiques où tel ou tel parti vert a bénéficié du réseau des verts d’autres pays. Je  dis merci aux dirigeants de la FEVA et des Verts Mondiaux qui nous ont soutenus par leurs communiqués pendant les 26 jours de grève de la faim entreprise à Port Louis en octobre 2013. Grâce aux communiqués diffusés par médias  internationaux, le dialogue a été ouvert entre nous et les autorités pour une sortie de crise. Cependant il est important de faire un effort particulier pour resserrer nos liens internationaux, renforcir notre conscience globale. Encore une fois ici, il me semble que le développement d’antennes et d’agences médiatiques reste fondamental.

Chers amis, mon intervention est sans doute axé sur un seul aspect de la lutté écologique : la lutte pour plus de démocratie. Cependant de cet aspect dépend dans bien des pays, la création, l’existence ou le maintien et l’expansion d’un parti vert. 

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30 March - 2 April 2017

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